« Mon art est jubilatoire », aimait à dire l'artiste-peintre... Artiste libre par excellence, Jean-Luc Blaise a disparu à 65 ans. Il laisse l'image d'un homme d'esprit, généreux et espiègle.

Blaise, salut l'artiste !

Biographie

Nécrologie

« Mes tableaux sont à lectures mul- • tiples. On ne voit pas les mêmes choses de près ou de loin. Mon art est jubilatoire», aimait à dire l'artiste­p􀀂intre. Au sujet de lui-même, ce grand épicurien confiait : « Je ne suis pas un homme, ni un artiste d'ar­ gent, mais de fêtes et d'amitiés. » Patronne du Montécristo, bar-res­taurant voisin du théâtre, sa grande amie Paulette confirme : « Jean-Luc était très brillant, immensément gé­néreux, toujours là pour remonter le moral, sans jugement aucun. » Créer répondait d'une « pulsion irrésistible ». Dans son livret funé­raire, un dernier dessin, en date du 15 août, en témoigne : son « éner­gie » l'a aidé à affronter la maladie jusqu'au bout. Ses créations, Blaise les vivait comme une célébration. « On a chacun nos maux, nos drames. Je ne souhaite pas expri­mer ·moh malheur. Simplément de la joie », confiait-il avec son éternel sourire espiègle.

Une œuvre d'une grande liberté

Blaise aimait brûler la vie. La sienne a débuté à Brest, où était stationné son père, employé dans la marine, le 15 juillet 1951. Après une enfance dans le Midi (Toulon), ce globe-trot­teur a pris son baluchon pour crapahuter avec des copains, jusqu!à;I Istanbul et l'Afghanistan. À son re1? tour en France, il s'est installé à Paris.', L'époque du quartier latin, une péC' riode remplie d'anecdotes entre son'• goût pour le théâtre et la fréquenta­tion d'intellectuels et artistes commé Copi. Blaise avait une cote jusqu'en An􀀯 1 gleterre et s'est forgé une œùvre , d'une « grande liberté ,;, résume un ami galeriste. « C'était un artiste sin­gulier, dont les œuvres vont d'un art brut cultivé à un côté pop trash ». Blaise admirait Picasso, Braque (cela lui valut le surnom de Pica-Braque), mais son œuvre est aussi traversée de clins d'œil à Dubuffet, Miro, Wa-· rhol. À Caen, où il résidait_ encore, il eut deux galeries, rue Vauquelin et rue de l'Oratoire. À Trouville, il s'était trou­vé un port d'attache, dès 1982. Fin' 2012, son atelier devient la « Blai­sefactory », . un ·lieu d'expo et de ré­sidences. Ces dernières années,. il effectua plusieurs· résidences en Chine. Mercredi, ses proches ont entouré sa compagne, Geneviève, à la mai­son funéraire de Caen. Un hommage public est prévu ultérieurement. Mais il est déjà acquis qu'à Fuzhou, Caen ou Trouville, sans lui, la fête ne sera plus tout à fait la même.

Raphaël FRESNAIS.